Vous avez probablement déjà entendu parler des mustangs, ces fameux chevaux sauvages américains. Véritable symbole de l’aventure de l’Ouest, ces chevaux sont en fait un produit importé. A l’origine, le continent américain était vide de tout équidé. C’est au 16e siècle que Cortés, conquistador espagnol, amena avec sa flotte 11 chevaux et 6 juments. Certains auraient échappé à la vigilance des espagnols, retournant à la vie sauvage dans les grands espaces américains.
En 1900, environ un million de mustangs gambadaient fièrement en Amérique du Nord. Abattus en masse pour diverses raisons, ce chiffre est aujourd’hui estimé à 33 000. Mais c’est encore trop pour le BLM, l’administration gérant les terrains publics. Ils veulent en tuer 27 000 pour préserver l’équilibre écologique.
Cette décision fait bien entendu un tollé chez les défenseurs des droits des animaux. C’est vrai, on peut s’en offusquer. Mais est-ce vraiment une mauvaise décision ? Pour commencer, comme je l’ai précisé plus haut, les chevaux ne sont pas une espèce naturelle en Amérique. C’est une importation, au même titre que la tortue de Floride chez nous. A ce titre, la diminution de leur population est une bonne chose pour l’environnement, puisque celle-ci n’a pas pu prévoir de mécanismes de régulation pour cette espèce, comme des prédateurs par exemple.
A vrai dire, si l’on voulait vraiment coller à la nature, il faudrait permettre aux prédateurs de se multiplier. Dans le parc de Yellowstone, j’en ai parlé en 2005, les wapitis abimaient gravement la diversité écologique par leur présence massive. Puis des loups furent réintroduit, ce qui permit de réguler la population de wapitis. Les plantes qui étaient dévorées par les cervidés purent à nouveau se développer, et de nombreuses espèces de plantes et d’animaux revinrent peupler le parc. Lisez l’article en question pour plus de détails.
Mais la réintroduction de prédateurs n’est sérieusement envisageable que dans un parc naturel. De toute façon, les prédateurs naturels d’Amérique du Nord, comme les loups et les pumas, vivent essentiellement dans les montagnes, c’est-à-dire loin de l’habitat des mustangs.
Ceci étant dit, les mustangs sont-ils réellement une menace pour l’écologie américaine ? Autrefois, les grands espaces d’Amérique du Nord étaient peuplés d’un autre genre d’herbivore : les bisons. Avant l’arrivée des colons européens, les bisons étaient plusieurs dizaines de millions. Et la nature s’en portait très bien, merci. Après avoir frôlé l’extinction, ils sont aujourd’hui quelques 2 ou 300 000 individus. Alors est-ce que 33 000 mustangs peuvent perturber l’écologie des territoires immenses des Etats-Unis ? Le doute est légitime.
Les associations de défense des droits des animaux proposaient depuis longtemps une campagne de stérilisation permettant de réguler la population de mustangs. Mais il semble que les autorités préfèrent l’opération moins coûteuse d’une balle dans la tête…