Une étude scientifique, basée sur des travaux australiens, démontre que la production de fourmis reines, voire leur absence totale, est directement liée aux conditions environnementales.
Si vous avez quelques notions d’entomologie (ou si vous avez lu Bernard Werber), vous savez que la vie d’une fourmilière est très structurée. Sa société est composée de castes ayant des fonctions bien précises.
Petit topo récapitulatif, pour ceux qui auraient oublié :
Tout d’abord, la grande majorité des fourmis est asexuée. Seuls les mâles et les reines sont capables de se reproduire[1]. Quand le moment est venu, les mâles et les femelles, pourvus d’ailes, s’envolent et s’accouplent dans une grande orgie princière (on peut véritablement dire qu’ils s’envoient en l’air…). Les femelles s’accouplent avec un maximum de mâles et vont fonder leur propre colonie. La semence récoltée lors de cette orgie leur permet de pondre sans discontinuer pendant une quinzaine d’années[2]. Les mâles, quant à eux, meurent peu après, d’où l’inexistence de rois dans la vie d’une fourmilière.
La reine est donc capable de pondre à l’envi des fourmis de la caste de son choix, en fonction des besoins de la cité. En gros, et pour résumer, il y a trois castes différentes. Les ouvrières, les plus nombreuses, sont chargées de toute la logistique : nourriture, nurserie, maintenance… Les soldates sont occupées à défendre la cité contre les envahisseurs (prédateurs, concurrents…). Et enfin les sexuées, qui ne font rien, sinon se tenir prêtes pour la reproduction.
La parenthèse récapitulative étant fermée, revenons-en à notre sujet de départ. Selon les conditions de vie imposées par leur environnement, les fourmilières adaptent leur stratégie de colonisation. Dans des conditions idéales, une reine fécondée va fonder seule sa propre colonie. Quand elles sont moins bonnes, la reine est accompagnée d’ouvrières, ce qui augmente considérablement son espérance de vie, et donc celle de la colonie. Mais cela se fait au détriment de la dispersion : les ouvrières ne possèdent pas d’ailes, la distance parcourue est donc moindre.
Les fourmis Rhytidoponera, quant à elle, sont capables de doser la qualité de leur production de reines en fonction des conditions de vie. Quand elles sont particulièrement dures, la colonie produit moins de reines, mais celles-ci sont plus lourdes, donc plus fournies en réserves graisseuses ; elles ont ainsi plus de chances de survie.
Mieux. Lorsque la fondation des colonies indépendantes s’avère impossible, les fourmis bouleversent leurs traditions sociales en retrouvant une compétence génétique refoulée : la sexualité. les ouvrières redeviennent capables de se reproduire, comme leurs cousines primitives. La cité est alors en possession d’une multitude des pseudo-reines peu coûteuses à produire, et multiplie donc ses chances de fonder de nouvelles colonies.
Encore une fois, on ne peut que s’émerveiller devant les ingénieuses facultés adaptatives des fourmis.
Source : Pour se multiplier les colonies de fourmis adaptent leur stratégie aux conditions environnementales